Athènes – Revendication des attaques à Ilisia et Kolonaki pour Alexis, Zak, Sebastian, Mikhail et Dimitris

Dès que tu réalises que les rebuts de la société, les suicidés et les personnes tuées sont les figures les plus vives et les plus vibrantes de ce monde, ce moment est aussi un moment où tu te rends compte de la signification de ses valeurs et la violence structurelle inhérente à celui-ci. Nous avons été détruits d’innombrables fois par la froideur dans les yeux des gens qui nous entouraient. Nous avons été supprimés lentement et brutalement alors que nous sentions la mort tous les jours. Des temps morts du travail salarié, privés de toute subsistance, de l’automatisation de la production, du regard froid sans passion à la douleur, de la survie misérable, de notre transformation en information quantique pour la biotechnologie moderne, de la dépression psychologique et de la tristesse qui bloque complètement les fenêtres du plaisir, du jeu, de l’interaction sociale. Tout un complexe autoritaire a été créé, reproduisant la mort, reproduisant l’autorité de l’économie, de l’État, du patriarcat, de la nation, reproduisant les valeurs de soumission, d’isolement, d’élévation sociale, de la production de normativité et de stigmates.

Mardi 6 novembre, à l’aube, nous avons attaqué la caisse d’épargne postale d’Eurobank, rue Afxentiou à Ilisia, détruisant les caméras, cassant toutes les vitres et les guichets automatiques.

De plus, aux premières heures du dimanche 11 novembre, nous avons attaqué une bijouterie à Kolonaki, au coin de la Via Skoufa et de Massalias, brisant les vitres et l’entrée du magasin.

Toutes ces pierres précieuses et ces bijoux en or ne sont destinés à aucun de nous, ils ont été exposés à la nuit du centre métropolitain. Ils nous ont rappelé la visibilité que nous ressentons lorsque nous marchons seuls dans la rue, ils nous ont rappelé l’exposition que chacun de nous ressent envers « faire et ne pas faire » les choses qui nous sont imposées par les médias sociaux. Ceci est pour vous: pères, maîtres, exploiteurs, grecs et pour tous ceux qui vous ressemblent. Nous avons rassemblé nos douleurs, nos angoisses, nos plaintes, nos désirs sexuels, et nous sommes ici; nous sommes libres. Si seulement le temps était toujours aussi insignifiant, mais en même temps extrêmement important que lorsque les fenêtres de la banque ont été détruites de façon harmonieuse et chaotique. Nous nous sommes synchronisés les uns les autres pour récupérer quelques secondes de vie. Nous avons récupéré notre plaisir – même si ce n’est que pour un moment – pour toutes ces mains qui nous ont frappés avec vigueur, pour ces regards qui nous chassent encore, pour ces bureaux d’université et les heures de travail qui nous ont aspirés la vie, pour nos pensées perverses, pour nos désirs en attente, pour nos valeurs inexprimées.

Nous vivons en permanence dans l’odeur dégueulasse des tripes métropolitaines qui nous aspirent et nous crachent comme des machines, comme des pièces de rechange, condamnées depuis le premier jour de notre naissance. Selon les règles éthiques et comportementales, nous choisissons la soumission totale aux aboiements agressifs des classes dirigeantes de ce monde. Mais à quelques exceptions près. Pour renforcer la lutte anti-autoritaire, nous voudrions mentionner quelques-unes des victimes de la guerre sociale, en leur dédiant nos actions actuelles. Non pas pour les honorer comme des totems sacrés, comme des souvenirs intouchables, comme sémiologie historique, mais en tant que détonateurs de doutes sociaux et personnels,comme des points de croissance et d’expansion de la conscience insurrectionnelle, en tant que point de départ pour la création de liens et de relations, ainsi que production de formes et de contenus radicaux.

– Alexis Grigoropoulos, abattu par un policier à Exarchia le 6 décembre 2008.

– Sebastian Oversluij, décédé des suites de balles tirées par un agent de sécurité lors d’un braquage de banque au Chili le 11 décembre 2013.

– Zack Kostopoulos / Zackie Oh, lynché à mort par une foule de patrons et de policiers grecs, le 21 septembre 2018*.

– Mikhail Zhlobitskiy, qui a mis fin à ses jours avec un attentat à la bombe au siège des services secrets russes (FSB), le 31 octobre 2018.

Ps: compagnon Dimitris, bon voyage. Tu vivras pour toujours dans nos luttes.

source: anarhija.info

* https://renverse.co/Ni-oubli-ni-pardon-pour-Zak-1725