Athènes : A propos de la Security Team

Résultat de recherche d'images pour "repression"Le 12 juin vers 22 heures, une trentaine de personnes expulse violemment le squat d’Arachovis 44. Ils frappent, volent [une prise de guerre?] et chassent les habitants avec l’intention d’amener des familles de réfugiés kurdes à vivre à leur place. Ils souhaitent « nettoyer le quartier ». L’action serait une réponse à des comportements  dénoncés ces derniers temps : vol, agression sexuelle, et deal de drogue ; ils vont également jusqu’à évoquer la présence de « djihadistes » dans le squat. Au moment de l’expulsion, environ 60 personnes vivaient dans l’immeuble. La réponse est immédiate, deux heures plus tard, le squat est réinvesti par les migrant.es et leurs soutiens, au total une quarantaine de personnes. Le lendemain matin à 7 heures du matin, elles sont de nouveau expulsées par ces mêmes personnes qui ont alors gardé le bâtiment durant toute la journée. Dans la soirée du 13 juin, après une assemblée à Polytechnique, un groupe de 150 personnes est de nouveau entré dans bâtiment, afin de réoccuper le squat. Les « occupants » étaient déjà partis car ils ne trouvaient [à priori] pas assez de familles kurdes pour y aménager un espace leur permettant de justifier leur action. À l’intérieur du bâtiment se trouvaient deux familles afghanes avec des enfants qui venaient d’être installées et personne ne les avait informées de ce qui s’était passé. Une des deux familles restera dans le bâtiment et l’autre partira au bout de quelques heures, car elle n’avait besoin d’hébergement que pour une nuit. Plus d’une dizaine de téléphones, des passeports, des documents nécessaires au maintien au séjour dans le pays, de l’argent, et un ordinateur portable ont été volés lors de cette opération.

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Ce récit a été fait par des personnes qui ont participé aux différentes assemblées suite à l’expulsion du Single Men (Arachovis 44), il est difficile à distance de porter un regard clair sur les événements. La simple existence d’une équipe de sécurité, leurs méthodes et propos, et le fait même de l’expulsion (et son déroulement) posent un certain nombre de questions, [rage et colère].

Aux dires de certains militant.es, les « réfugiés » seraient le pont avancé de la mafia, […] et un squat comme le Single Man plus difficile à « gérer » « sans violence » qu’un squat de familles beaucoup plus facilement « malléables » et socialement acceptables (1)

Cette opération mise en oeuvre par des gros bras, professionnels de la gestion des squats à qui reviendraient la décision de qui mérite ou non de vivre dans la (leur) « paix sociale » ; et la mission de s’assurer contrôle et pouvoir sur la population est la représentation la plus infecte de certains modes de « gestion » humanitaires et autoritaires… Une personne n’a pas à répondre du comportement d’autres sous prétexte qu’elles sont de la même communauté (ou habitation). Elle n’a pas non plus à avoir un comportement dit « exemplaire » parce que squatteuse ou migrante. Si des comportements pourris ont été observés, les personnes doivent en répondre en tant qu’individu et non en tant que « migrant.es » ou « squatteurs ». Le simple fait de penser (comme cela arrive souvent) que certaines actions ou comportements nuisent à l’image (des populations) par exemple est révélateur d’une mentalité nauséabonde autour de la question. Il ne s’agit pas ici de critiquer le fait qu’une réponse soit (et doit être) apportée dans certaines situations (agressions, sexisme, racisme, ou conflit de toute sorte…), elle peut prendre différentes formes, vengeance, prise de distance, confrontation directe etc. Mais dans ce cas spécifique, c’est le maintien de l’ordre, la représentation, et la délégation qui sont mis en place sous couvert de civilité, d’acceptation sociale et de pacification de la vie quotidienne, afin de cohabiter avec les habitant.es du quartier, comme-ci Exarchia était une simple masse uniforme à (auto)gérer…

 

Quelques traductions de communiqués suite à l’expulsion :

Position des squatters du Single Men (Arahovis 44)

Toutes les personnes qui ont fait de « mauvaises choses » – deal de drogues, voler des personnes*, harcèlement sexuel – ont déjà été expulsées de notre squat. Nous ne sommes pas responsables pour les mauvais comportements et actions tenus à Exarchia par des personnes ne vivant pas dans notre squat. Nous refusons totalement que la Security Team entre dans notre squat, nous offense et menace avec des moyens d’attaque extrêmes. Nous voulons récupérer nos affaires. Notre argent, nos passeports, certificats d’asile, téléphones. Et tout ce qui nous a été pris avec force et violence. Frapper les réfugiés et les voler est une offense pour les anarchistes et le quartier. Nous ne laisserons pas la Security Team, ni aucun de leur soutien, mutiler le nom de l’anarchie, comme c’est arrivé avec l’attaque de notre squat. Nous voulons vivre en paix, entre nous et avec le quartier, sans leader ni autorité. Nous sommes reconnaissants et nous apprécions tout le soutien de ceux qui se tiennent à nos côtés.

Les occupants d’Arahovis 44

* Ça dépend qui quoi… ndt 

En grec ici : https://athens.indymedia.org/post/1589241/

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Intervention au festival antiraciste au sujet de l’expulsion du Squat Arachovis 44 [Single Men]

Samedi 30 juin, l’assemblée ouverte des collectifs et individus qui participent à la réoccupation d’Arahovis 44 (Single Men Squat), ont effectué une intervention à un festival antiraciste à Goudi. L’ensemble des résidents et des personnes solidaires sont intervenus au moment où été abordés les thèmes des frontières, des migrations et de la solidarité. A la fin de la discussion et juste avant le débat, les habitants d’Arahovis sont montés sur le podium pour parler de l’évacuation du squat par la Security Team, de leurs papiers, de leur argent et d’autres effets personnels qui ont été volés par l’équipe et qui doivent leur être rendus, sur la façon dont ils ont géré des activités problématiques dans leur communauté par le passé et leur volonté de vivre en paix dans le quartier. En conclusion, ils envoient un message à quiconque tentera de s’imposer violemment de nouveau, qu’ils se défendons en conséquence.

Après cela, des personnes solidaires ont pris le micro et ont lu le texte intégral de la déclaration politique sur les événements. Mis à part très peu de réactions provocatrices de la part de personnes impatientes du public, beaucoup de gens ont entendu l’intervention avec intérêt et beaucoup ont demandé la version papier de la déclaration. Dès le départ, il a été noté que les questions soulignées concernaient l’essence même des questions que les orateurs du groupe étaient venus discuter, en particulier parce qu’elles concernaient les communautés de migrants et de réfugiés, ainsi que la solidarité. Pas n’importe où, quelque part au loin, aux frontières ou dans les affaires des puissants, mais dans nos quartiers, dans nos propres communautés. En tout état de cause, la décision d’intervenir au festival antiraciste vise également à s’adresser à la fois au mouvement antiraciste, mais également à ceux qui continuent de couvrir cette équipe violente qui a évacué le Single Men Squat. Ce qui est révélateur, c’est le fait que les jours du festival, les membres de cette équipe étaient vus gardant les portes du festival [à faire les vigiles].

Le but de cette intervention était, autant pour les migrants de monter sur le podium afin de parler de leur expérience, que de pointer du doigt les responsables de l’opération répressive d’évacuer le Single Men. Le mouvement anarchiste anti-autoritaire ne peut rester passif face à de tels incidents d’hégémonisme et à l’imposition de groupes et d’organisations hostiles au mouvement antagoniste.

Le texte de l’Assemblée ouverte qui a été lu lors de l’intervention est ici en grec :  https://athens.indymedia.org/post/1590080/

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[1] Exarchia sous pression – CQFD n°170, Novembre 2018