L’anarchisme n’est donc pas un concept qui se scelle avec un mot comme une pierre tombale. Ce n’est pas une théorie politique. C’est une manière de concevoir la vie, et la vie, que nous soyons jeunes ou âgés, n’est pas quelque chose de définitif : c’est un pari que nous devons jouer jour après jour.
Donc, quand ces messieurs nous disent : « Vous êtes des utopistes, vous les anarchistes vous êtes naïfs, votre utopie ne peut pas se réaliser », nous devons dire : « Oui, c’est vrai, l’anarchisme est une tension, ce n’est pas une réalisation, ce n’est pas une tentative concrète de réaliser l’anarchie demain matin ».
La liberté est un concept non seulement difficile et inconnu, mais c’est un concept douloureux, et à l’inverse il nous est vendu comme un concept magnifique, doux, reposant, comme un rêve qui est tellement éloigné qu’il nous fait nous sentir bien, à l’instar de toutes ces choses qui – puisqu’elles sont lointaines – constituent une espérance, une foi, une croyance. […] Pour nous rendre compte des concepts de ce type, pour nous rendre compte des risques en maniant des concepts dangereux de ce type, nous devons être en mesure de construire des idées en nous, d’avoir des idées.
https://anarchroniqueeditions.noblogs.org/files/2016/10/La-tension-anarchiste.pdf