Les prochaines audiences pour Scripta Manent auront lieu les :
3-4 octobre
14 novembre
21-22 novembre
du 3 au 7 décembre, la salle était réservée pour le procès final
Anna a été autorisée à assister à l’audience les 3 et 4 octobre
COMPTE RENDU DES AUDIENCES SCRIPTA MANENT AVRIL-JUILLET
Après les auditions de l’hiver 2018 où prévalaient les récits autour des faits spécifiques contestés et la mise en place du dispositif accusatoire sur le délit associatif selon la DIGOS de Turin, du 18 avril au 16 mai ont défilés quelques fonctionnaires des ROS de Pérouse – Rossi, Mencarelli, Siméon, Mariucci, Passeri – certains encore en service, d’autres transférés dans des bureaux similaires, pour rendre compte de l’enquête Ardire, intégrée à Scripta Manent, avec des divagations et une amnésie providentielle sur d’autres procédures et dossiers liés à la surveillance anti-anarchiste à partir de l’opération dite Brushwood, en passant par Shadow, principalement par interception de communication, téléphonique, environnementale et le contrôle du courrier.
Mencarelli a exposé son analyse du blog Culmine et des relations de connaissance notamment à travers la correspondance depuis/à la prison, entre anarchistes : « oui, mais je ne peux pas produire de données objectives » pourrait être la phrase symbolique de sa déposition, quand il a cherché à attribué d’office au rédacteur en chef de Culmine la participation à un autre journal; ou bien « ils se connaissaient par la haine de Benetton » quand il devait prouver la connaissance entre deux accusés, ou encore qu’ils avaient tous deux fait l’objet d’une enquête pour avoir participé à des initiatives contre les néo-latifondistes de Trévise en solidarité avec le peuple mapuche.
Siméon a exposé Ardire comme une « filiation » de Shadow, suite à la surveillance des camarades en détention provisoire pour l’opération précédents des ROS [service antiterroriste et antimafieux des carabiniers, ndt] de Peruge/du PM [proc, ndt] Comodi, à travers le contrôle postal et audio-vidéo des parloirs de la prison d’Alessandria, en accordant une attention particulière à la grève de la faim des prisonniers anarchistes en 2009 à la mémoire de Mauricio Morales et aux actions signés par Sorelle in Armi – FAI de la même période, contre l’Université Bocconi et d’autres cibles.
Dans les faits, le ROS des Carabinieri a réitéré la position accusatoire d’Ardire, avec un shéma bien rodé à deux niveaux, dépassant le fait que la thèse susmentionnée avait déjà coulée avec les libérations [suite à l’opération] Ardire, à la fois sur le 270bis [association terroriste, ndt] et sur des délits spécifiques et le classement sans suite du bureau du procureur de Milan (avec lequel ROS Perugini a collaboré après le transfert de juridiction territoriale de Pérouse à Milan) et survolant même la dernière phrase de Shadow (ce qui a fait tomber jusqu’au premier degré du délit associatif, rétablissant l’instigation en appel, confirmé en cassation).
Toujours au mois de mai, le DIGOS Turin Di Gregoli, continuant à mettre sur la table des accusations ce que tout internaute peux lire, consultant des « sources ouvertes », a donné un aperçu du nombre d’attaques FAI / FRI en Italie 52, selon des sources ouvertes, ainsi qu’un plus grand nombre à l’étranger, tirés d’une carte publiée sur différents sites de contre-information internationale.
Il a ensuite poursuivi en exposant la surveillance déployé sur le cycle de réunions « A Testa Alta » et l’édition ultérieure de Croce Anarchica – présenté comme le « magazine de l’association », « organe de communication de l’association » – sur le blog et à la caisse pour les prisonniers, ainsi que sur les déplaçements et connaissances des rédacteurs.
À la fin du mois de mai, les ROS de Naples Moriconi, Corradetti, Panebianco et D’Enrico ont exposé le «fruit» de leur surveillance des milieux anarchistes depuis 2012, en particulier avec l’op. Evolution et Evolution II, passant sur d’autres enquêtes du même bureau, qui continuaient à frapper des camarades anarchistes en Campagne [région du sud de l’Italie, ndt]. Comme à l’accoutumée, ils se sont concentrés sur la contre-information sur le web et la solidarité avec les prisonniers : communications par courrier électronique, publication de nouvelles, communiqués et revendications entrecoupées d’un compte rendu détaillé d’événements « significatifs » de soutien, présentations de réunions et listing de noms d’anarchistes, accusés ou non, et de leurs relations de connaissance.
La narration des épisodes insignifiants de tous les jours (qui ne diffèrent pas beaucoup entre ROS et DIGOS) se mêle à des pirouettes géniales comme considérer la « solidarité et la complicité » au lieu d’une plus traditionnelle ‘solidarité’ ou emmettre l’hypothèse d’une « subdivision horizontale » plutôt qu’une subdivision « verticale » brigadiste.
Le même rapport montre les méthodes d’interception électronique utilisées sur RadioAzione – blog et web – à travers des chevaux de Troie, entrées via ADSL, un logiciel renommé Agent Elena avec fantaisiste. Le PC portable devient un microenvironnemental pour capter les commentaires hors-ondes lors de la radio en direct (avec l’autorisation des magistrats aussi de filmer si la webcam de l’ordinateur portable a été active) et permet d’acquérir du courrier électronique, une activité éditoriale et recherche d’images en cours par keylogger (logiciel capable d’enregistrer tout ce qui est tapé sur le clavier) et snapshot (image de l’écran en succession) sur un laps de temps court pour rendre compte, des ajouts et des corrections au texte.
En juin, la DIGOS de Pescara a mis en relation la présence, la durée et fréquentations des accusés à Pescara en août 2012 (sur la plage, au bar, sur le terrain de jeu) lors de voyages, visites et participation au procès Adinolfi, toujours avec des filatures assistées de microphones environnementaux et caméras extérieures à l’entrée du domicile et au travail pour faire un zoum sur des connaissances déjà connues depuis des années, des visites fréquentes, des présentations et des distributions de CNA [Croix Noire Anarchiste] (dont curieusement le DIGOS de Turin affirme ne pas avoir eu l’interception électronique des rédacteurs).
Dans l’audience du 4 juillet, le responsable du laboratoire d’analyse graphique du RIS de Parme, Orienti, a été convoqué pour confirmer le rapport technique établi lors des faits sur les marquages manuscrits et sur les textes des colis incendiaires/ explosifs à Chiamparino, Coema et Torino Cronaca : un rapport qui indique, à la suite des analyses effectuées, que l’écriture dérive de calques et, par conséquent, comme l’écriture au normographe, n’est pas attribuable [à quelqu’un.e, ndt], allant ainsi à l’encontre des évaluations graphologiques présentées par l’accusation.
À l’audience du 5 juillet, le consultant en informatique appelé par la défense a expliqué le fonctionnement des réseaux, des sous-réseaux et des moteurs de recherche, ainsi que les méthodes et les possibilités de récupération des documents qui en découlent. En allant ainsi à l’encontre des attributions et des reconstructions arbitraires de l’accusation, après plusieurs années.
Le 5 juillet également, le consultant en génétique de la défense a mis en évidence les innombrables irrégularités, lacunes et erreurs des expertises réalisées en 2005 et 2012 sur une trace d’ADN retrouvée sur les poignées du sac contenant l’engin non explosée au RIS de Parme en 2005 : à partir de la trace étroite d’ADN, mélangée et dégradée, détectée en 2005, répertoriée et concentrée avec une méthode de laboratoire actuellement considérée comme non fiable et avec des examens non reproductibles puisque la trace trouvée à l’époque était consommée lors de la première analyse; des erreurs détectées également dans la comparaison suivante en 2012 et sur la fiabilité des outils d’analyse: « le logiciel si vous ne savez pas bien l’utiliser vous indique ce que vous voulez », explique le consultant pour expliquer l’adaptabilité des données saisies.
Une nouvelle expertise sur l’ADN a été demandée par le tribunal, dont la mission sera conférée le 12 septembre, lors de la session d’automne des audiences.
* Les passages entre guillemet sont des citations des transcriptions
Repris de https://roundrobin.info/