On y va ou on siffle ? 

 « Là où il y a révolution, il y a confusion.

Là où il y a confusion, un homme qui sait ce qu’il veut à tout à gagner »
.
Face aux troubles qui ont perturbé de nombreuses routes en Italie ces jours-ci, les militants sont perplexes. Face à ces blocages, ces assauts, ces affrontements, mis en place par ceux qui sont à des années-lumière de toute tension subversive, la fameuse question leur vient immédiatement en tête : que faire?
On y va ou on les siffle ? – Peut-être on y va et on siffle. En fait non, on siffle et on n’y vas pas. Mah et si en fait on y va, d’abord on siffle ensuite on applaudi ?
D’un côté, celui du on-y-va-pas, il n’y a pas de doute. Ces forconi [bonnets rouges Italiens] qui se mélangent avec le drapeau tricolore, ces manifestants applaudissant la police, ce mélange de commerçants craignant de voir leurs profits diminuer, de fascistes désireux de chevaucher le tigre et les ultras avec de l’urticaire sur les mains, tout cela n’est pas et ne peut être pour nous. Ne confondons pas le populisme avec peuple, please. Le premier est réactionnaire et grossier, le second est au mieux ingénu et un peu rustre. Le premier doit être détruit sans hésitation; le second doit être façonné, modelé, mise en forme. Ce n’est pas une question de pureté, la chair prolétarienne est délicieuse. Sauf que, comme masse à enrôler, mieux vaut préférer les nécessiteux désespérés, sans art ni partie, qui ont une famille à défendre. Ils sont plus faciles à embrouiller et à guider. Mais parmi eux, que faire avec qui détient un numéro fiscal et peut-être même la carte d’un vulgaire parti ?
Mais de l’autre côté aussi, celui des on-ne-siffle-pas, il n’y a pas de doute. L’odeur de la sueur du travailleur est toujours excitante, les grondements de l’estomac sont une musique pour les oreilles. Ces forconi mobilisent tous ces gens, ils parviennent à bloquer ou à perturber la moitié du pays (ce que les subversifs n’ont pas été en mesure de faire), impossible de les ignorer. Et pourquoi pas, puisque l’on entonne le mantra des mains sales 24/24h ? Ne soutient-on pas que, beau comme la lumière du soleil, en dehors de l’ambiguïté il existe seulement l’identité des groupes marginaux ? Si les magistrats, les religieuses et les alpinistes sont bons dans une vallée piémontaise, il n’y a pas de raison que, dans le reste de l’Italie, cela ne devrait pas fonctionner avec les vendeurs ambulants et les chauffeurs de camion. Nous devons nous débarrasser de l’idéologie et mettre en jeu, nous jeter dans la mêlée, entrer en compétition avec les fascistes et ne pas quitter la place. En fin de compte, vous verrez qui a le plus gros mégaphone !
.
Quant à nous, qui ne sommes pas des militants, nous ne pouvons pas nous empêcher de remarquer à quel point il est vraiment triste et limitant de diviser l’espace en deux, de penser que face à une situation – quelle quelle soit – il faut choisir entre deux alternatives sèches : la tour d’ivoire où préserver sa pureté, ou le fumier où se salir les mains.
.
Allons, un peu d’imagination. Ne laissons pas la Mesa Verde dans les mains de la fiction. Vraiment il n’y a pas d’autres endroits dans l’ère des possibilités?
.
« Et moi, maintenant? »
[13/12/13]
https://finimondo.org/node/1301