« Sans doute, comme quelqu’un l’exprimait de façon laconique, « nous sommes devenus faibles». Et il rajoutait, « tous, sans exception ». Si ce jugement concernait les capacités théoriques des anarchistes, il portait plus encore sur leurs capacités opératives. Une faiblesse qui devient d’autant plus tangible lorsqu’on a le monstre du massacre et de guerre en face de nous. Il ne sert pourtant à rien de hurler avec les loups, mieux vaut prendre acte de cette faiblesse et tenter d’y remédier. Sans avoir l’illusion de pouvoir faire rapidement de grands pas, sans commencer à tomber dans le culte de la « force » qui pousse souvent vers une militarisation du combat, il nous faut à nouveau imaginer un chemin, un parcours.
Certaines choses ne s’apprennent pas à l’improviste ; et si le besoin pressant et immédiat peut donner un coup de pouce, c’est quand même mieux de s’y être préparés à l’avance.
Car c’est aussi une question mentale. En ré- alité, nous sommes capables de faire tout ce que nous voulons, ou presque, et la véritable question est plutôt de savoir si nous sommes prêts à faire les efforts nécessaires et indispensables.
Pour se doter de connaissances techniques, il faut étudier sérieusement les matières concernées. Pour développer certaines capacités, il faut disposer de temps pour s’y consacrer. Ce n’est qu’ainsi que ces connaissances deviendront ensuite utilisables dans un projet, armant la créativité et renforçant les idées.
l nous faut donc travailler dans ce sens si nous ne voulons pas être dépendants d’autres courants, en proie aux caprices et aux seules possibilités du moment, ou tout simplement renoncer aux interventions par manque de capacités et de moyens. »
Extrait de l’expo contre la guerre contre la paix réalisée à l’occasion de Temps d’Encre, rencontres autour de publications anarchistes, le 23 & 24 juin 2018 à Montreuil (Paris).