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La Bombe
« Si certains éléments humains se révoltent contre leurs rôles, ils seront remplacés par d’autres plus souples et leur révolte signifiera qu’ils sont tout bonnement écartés sans que rien ne change au fond. Les marxistes affirment que cela doit en être ainsi jusqu’à ce que se produise un changement révolutionnaire, mais un tel changement n’a jamais semblé aussi éloigné. Alors, que peut faire aujourd’hui un homme ? Comment peut-il éviter de tenir son rôle dans ce processus fatal ?
Tout simplement en refusant de le tenir. »
Dwight Macdonald. Extrait de Politics, septembre 1945.
Nous avons d’abord été épouvantés par l’explosion. « Le TNT est à peine deux fois plus puissant que ne l’était la poudre il y a six siècles. La Seconde Guerre mondiale a vu la production d’explosifs plus de soixante pour cent plus puissants que le TNT. Cent vingt-trois avions tous chargés d’une seule bombe atomique représenteraient une puissance de destruction égale à la totalité des bombes (2 453 595 tonnes) larguées par les Alliés sur l’Europe pendant cette guerre. [1] »
Cependant, il est peu à peu apparu que la véritable horreur de la bombe n’était pas dans son explosion mais dans sa radioactivité. La fission de l’atome libère toutes sortes de substances radioactives dont on peut se faire une idée de la puissance par le seul fait que l’eau utilisée pour refroidir la « pile » (la structure composée d’uranium et autres substances dont l’interaction entraîne la capacité d’explosion) dans l’usine de fabrication de la bombe à Hanford [2] est exposée à une quantité suffisante de radiation pour « réchauffer de manière appréciable la Columbia River ». Et le Times d’ajouter : « Même le vent qui souffle au-dessus de l’usine chimique recèle son lot de dangers tant les cheminées rejettent de gaz radioactif. » Smyth souligne par ailleurs que « les produits de la fission engendrés par le fonctionnement quotidien d’une pile d’uranium en réaction en chaîne de 100 000 kilowatts pourraient suffire à rendre une vaste région géographique totalement inhabitable ». Continuer la lecture de « La Bombe »
Bure (Meuse) : Une personne incarcérée après la tentative de réoccupation du Bois Lejuc
Au total, depuis le début de la tentative de réoccupation, on a compté 16 arrestations :
- 8 vérifications d’identité (toutes les personnes sont sorties)
- 8 gardes-à-vue (4 personnes sont sorties, 4 personnes sont toujours en garde-à-vue)
Une personne est également manquante pour le moment, on ne sait pas si elle a été arrêtée ou non.
| Une question énergique |
Aborder la question de l’énergie, ou plutôt des ressources énergétiques dont dépendent le bon fonctionnement de l’exploitation capitaliste et le pouvoir étatique, n’est pas facile. Surtout, précisons-le d’emblée, s’il ne s’agit pas de faire une énumération de données techniques sur telle ou telle source énergétique, d’énumérer les nuisances que provoque la voracité énergétique du système industriel, les ravages qu’elle implique au niveau environnemental. Ce que nous souhaitons proposer ici, est de tenter une analyse plus vaste, plus profonde, de ce que signifie l’énergie dans ce monde-ci. Que celle-ci demeure en partie lacunaire est difficilement évitable, mais l’objectif est d’arriver à une compréhension, à une appréhension générale de l’importance de cette question énergétique.
Partons d’un simple constat : depuis plusieurs décennies, avec l’imposition massive du nucléaire par l’État et la croissance exponentielle des besoins énergétiques de la production industrielle, de la guerre et du modèle sociétal de consommation de masse, de très nombreux conflits ont été liés aux ressources énergétiques, à la production et au transport d’énergie. D’un côté, on voit comment les États ont déclenché des guerres sanglantes pour conquérir certaines ressources, comme le pétrole ou les mines d’uranium, pour donner un exemple évident, ou s’en assurer l’approvisionnement continu. D’un autre côté, il y a aussi eu de nombreux conflits disons sociaux, tantôt plutôt écologiques, tantôt radicalement anti-capitalistes, tantôt de refus d’une ultérieure dévastation du territoire ou encore refus de l’imposition de certains rapports sociaux que ces projets impliquent : opposition à l’exploitation d’une mine, à la construction d’une centrale nucléaire, aux nuisances provoquées par une centrale électrique à charbon. La longue liste de luttes et de guerres nous donne déjà une idée de l’importance que revêt l’énergie, sa production et son contrôle.
Aujourd’hui, en ces temps où toute perspective révolutionnaire d’une transformation totale des rapports existants, d’une destruction de la domination, semblent avoir presque disparu, au moins dans les contrées européennes, il existe cependant pas mal de luttes et de conflits qui s’opposent aux infrastructures énergétiques. Que l’on pense à la gigantesque mine à ciel ouvert de lignite à Hambach en Allemagne, où la lutte contre son extension est ponctuée de sabotages divers et variés en-rayant le fonctionnement de la mine existante ; à la lutte contre la construction du gazoduc TAP qui se heurte à une opposition dans le sud de l’Italie ; aux luttes ici en France qui ont eu lieu contre la construction de nouvelles lignes à haute tension dans la Durance (pour augmenter la capacité d’exportation d’électricité nucléaire française) ou en Normandie (pour raccorder la nouvelle centrale nucléaire de Flamanville au réseau) ; sans oublier celles contre l’implantation de nouvelles éoliennes ou contre les permis d’exploration et d’exploitation du gaz de schiste… Certes, tous ces conflits ne relèvent pas toujours d’aspirations révolutionnaires, et on retrouve souvent en leur sein non seulement le citoyennisme, l’écologisme cogestionnaire, la recherche de dialogue (et donc de reconnaissance) avec les institutions, mais aussi une fâcheuse confusion – dans le meilleur des cas – voire d’opportunisme politique – dans le pire –, du côté des autoproclamés radicaux. A l’instar par exemple de ce que les comités invisibles et les stratèges populistes de service théorisent sous forme de stratégies de la composition, ce qui revient à réunir tout ce qui est incompatible sous la direction d’un haut commandement politique qu’ils cherchent à imposer, avec plus ou moins de succès. Mais n’entrons pas dans le vif de ce sujet qui a déjà été abordé ici.
[…]
La suite ici :
https://avisdetempetes.noblogs.org/files/2019/06/Avisdetempetes18.pdf
Seulement en fin de semaine
« Je ne sais même pas ce que je ferais de mes samedis si il n’y avait plus de mouvement. Qu’est-ce qu’on va foutre si ça s’arrête, y’a pas moyen. »
paru dans lundimatin#189, le 29 avril 2019
A : Alors, avez-vous commencé la guerre civile ?
B : (Effrayé) Guerre civile ?
A : Et quoi d’autre sinon ?
B : Je ne sais vraiment pas. Peut-être que tu veux juste te moquer de moi. Pour cela on n’a du temps que le week-end.
A : Pour quoi faire ?
B : Justement ce que tu appelles la guerre civ…
A : N’avale pas ce mot de travers !
B : En bref, pour Wackersdorf* et le reste. Mais depuis longtemps maintenant nous avons pour cette raison, renoncé à nos saunas du samedi et nos concerts du dimanche. Nous les avons sacrifiés.
A : Félicitation pour le sacrifice. Tu dis seulement samedi et dimanche. Mais tu penses que les femmes sur la Place de la Bastille, il y a 200 ans aient compris ce « seulement » ?
B : Comment ? Mais essayes de te mettre un peu à ma place s’il te plaît.
A : Dans quoi ? En qui ?
B : Dans notre vie à tous. Pendant les jours travaillés, nous n’avons pas de vraiment le temps pour des choses pareilles. (Regarde l’horloge)
A : « Pour des choses pareilles », très bien dit. Tu es pressés ?
B : En fait, oui. (Mais il reste quand même) Ou tu penses que je devrais proposer à Line de tout abandonner ? Littéralement tout ? Son travail ? Et la voiture ? Et moi ? Et les petits ? Et la télé ?
A : Surtout pas la télé. Continuer la lecture de « Seulement en fin de semaine »
Italie : Tap et Gazoduc Snam – « On plaisantait !!! »
Nous traduisons ici une fausse affiche parodique du M5S (Mouvement des 5 étoiles) autour des thèmes du TAP (1) et du Gazoduc Snam (2) :
On plaisantait !!!
Le Tap et le Gazoduc Snam se feront
Nous avions promis : « Nous arrêterons le Tap en deux semaines » (Di Battista). Vous êtes tombés dans le panneau !
D’ailleurs, nous sommes le parti fondé par Krusty le clown*, un peu d’ironie … !!
Le gazoduc Tap va se faire et avec lui également le gazoduc Snam, l’œuvre la plus spirituelle de tous les temps : 700 km de beaux tuyaux remplis de méthane que les experts de la Snam, eux aussi de grands farceurs, ont jugé bon de faire passer par Sulmona, L’Aquila, Amatrice, Cascia, Norcia, Colfiorito, pour nous faire pisser de rire.
Vous y pensez au prochain tremblement de terre ? Le pipeline va peut-être sauter et boum !!!
Vous ne pouvez pas imaginer à quel point nous rions avec Di Maio, la ministre Lezzi, la sénatrice Lucidi**. Grillo nous a proposé un nouveau plat traditionnel : le casette alla norcina [les petites maisons en sauce]. Celles construites près du pipeline, sautées à la poêle.
Nous ne pouvions pas sauver le Salento, nous ne pourrons pas sauver les Abruzzes et l’Ombrie. Il y a des pénalités à payer. Mais nous restons toujours les mêmes, ceux qui combattent les véritables pouvoirs forts : non pas les multinationales, non pas l’Eni, non pas la Snam. Les véritables pouvoirs forts que nous combattons chaque jour sont la masse de malheureux qui fuient la guerre qu’Eni nourrit justement en Libye pour se partager le pétrole. Les seuls, les vrais pouvoirs forts que nous combattons chaque jour, sont les Africains, les Abruzzais et les Ombriens.
Nous vous remercions tous : vous imbéciles qui avez voté pour nous, vous qui avez créés les meetups pour défendre l’environnement d’un point de vue légaliste, vous les chefs des comités de lutte qui avez fait campagne électorale en notre faveur, vous les vendus de gauche qui nous avez soutenu pour donner un coup au système.
Mais nous savons pardonner:
nous pardonnons à Salvini qui se croit le maître de la mer,
nous pardonnons à Lezzi qui se croit la maître de la terre,
mais nous vous pardonnons surtout à vous… qui n’êtes maîtres de rien du tout
DES ANARCHISTES
* NdT : Krusty le clown est un personnage de la série les Simsons, qui finit par se faire élire au Congrès. Ici c’est une référence au vieux comique et blogueur italien Beppe Grillo, qui a utilisé sa popularité pour fonder le Mouvement 5 étoiles (M5S) en 2009. Ce parti est associé depuis mars 2018 au sein d’un gouvernement de coalition avec les néo-fascistes de la Ligue du Nord, et a vite renoncé à sa promesse électorale d’abandonner certains grands projets comme les gazoducs TAP dans les Pouilles, et Snam dans les Abruzzes et en Ombrie.
**respectivement dirigeante historique du M5S et ministre du Développement économique, du Travail et des Politiques sociales ; sénatrice M5S des Pouilles et ministre pour le Sud ; trésorière du M5S et sénatrice d’Ombrie.
(1) Le gazoduc Snam est une galerie d’environ 40 mètres de diamètre, qui traversera les Apennins [chaîne de montagnes de la ceinture alpine qui parcourt l’Italie sur mille kilomètres du nord au sud, à travers quinze des vingts régions italiennes.], sur presque 700 km. Celui-ci avait pour objectif de transporter en Europe le méthane en provenance de la centrale de regazéification de Brindisi à l’origine. À présent, il est complètement intégré au gazoduc TAP.
(2) Le TAP est le dernier tronçon du Southern Gas Corridor qui devrait transporter le gaz du champ de Shah Deniz II, en mer Caspienne, vers les marchés occidentaux. Il devrait s’étendre sur 879 kilomètres en traversant le nord de la Grèce (545 km), l’Albanie (215 km), la mer Adriatique (105 km) pour s’arrêter en Italie avec un tronçon de 8 kilomètres à partir de la plage de San Foca. Un autre pipeline de 55 kilomètres serait ensuite construit afin de connecter le TAP au réseau gazier italien et européen*.
* Extrait de la brochure Saboter l’énergie recueil de textes italiens autour de la lutte contre la construction du gazoduc TAP dans le Salento https://sansattendre.noblogs.org/files/2018/03/TAPbrochCorrect.pdf
Repris de roundrobin.info